Écrire était l'un des exercices les plus fastidieux et les plus pénible pour un démon. Enfin, je ne vous parle évidement pas de rédiger une petite lettre ou quelque chose comme ça. Non, le travail actuel de Calvin était de monter un rapport avant... Mmh, la date échéante était... Demain. Génial ! Il avait donc tout son temps, n'est-ce pas ? Quelle heure était-il ? Aucune idée. Il faisait nuit depuis un bon moment et étant donné que les jours se rallongeaient en été, il devait être assez tard pour un humain. Ce n'était pas tant un soucis pour Korzen qui ne dormait que rarement. Il n'en avait pas spécialement besoin. C'était l'idéal pour faire passer le temps mais ça ne l'avait jamais remit d'aplomb. C'était reposant, apaisant, même mais c'était des sommeils vides, noirs. Il ne rêvait pas. Jamais. Pour lui, c'était comme une mort temporaire. Alors que les humains "vivaient" au milieu de leurs songes, les démons, eux, ne pouvaient rêver que du futur. C'était l'imagination. Ce qui l'avait, pour ainsi dire, toujours sauvé. Certes, ses pouvoirs lui étaient utiles pour se sortir de pas mal de situations mais il était aussi vrai que sans le brin de folie qui l'amenait généralement à se retrouver au milieu de problèmes monumentales, ça ferait longtemps qu'il serait mort. Quand certaines vermines se terrent dans le monde souterrain, Korzen était plutôt du genre à se faire remarquer. Son dernier hobby ? Faire équipe avec des sorcières pour éliminer les démons qui voulaient sa peau. Et ça marchait. Il suffisait qu'il mette son nez là où il fallait pas pour rencontrer une sorcière. Bien évidement, il omettait le fait qu'il était lui-même un démon. Et ça passait tout seul. Cette petite astuce lui permit d'être protégé par des êtres magiques bienfaiteurs. Le seul hic dans ce plan, c'était qu'il devenait donc "dangereux" pour les autres démons qui mettaient de plus en plus de hargne à vouloir l'éliminer.

Il souriait. Korzen trouvait toujours ce genre de réflexion amusante. Finalement, qui était-il ? Il avait perdu ce petit truc qui faisait de lui un véritable démon comme on les crains. Les autres n'avaient pas totalement tord. C'était un parasite. L'être démoniaque se rendit cependant compte qu'il n'avait pas beaucoup avancé dans son rapport. Il savait que son supérieur allait lui arracher les entrailles. Enfin, il n'avait pas spécialement peur de lui? C'était un homme plutôt direct et cynique. Il le trouvait marrant. Mais Calvin était loin de vouloir quitter son job. Et encore moins de se faire renvoyer. Il se remit alors à gratter le papier et le son du stylos qui glissait se fit de nouveau entendre, dans le silence pesant de son bureau. C'est au bout de quelques temps qu'une lumière bleuâtre illumina le bureau chichement éclairé par une lampe de veille. C'était l'être de lumière de la dernière sorcière qu'il avait aidé. Celui-ci ne l'avait jamais aimé et se doutait de quelque chose. Il le regardait toujours avec cet œil méfiant qu'on les gens envers les comploteurs. Korzen ne se retourna pas mais brisa le silence le premier. Je sais que tu m'adores mais de là à venir chez moi en pleine nuit... Il se retourna vers l'être de lumière avec un immense sourire ironique. L'autre ne rigolait pas. Pas du tout. Je trouve que notre histoire va trop loin. C'est trop rapide pour moi. L'être de lumière ne répondit pas à la provocation. Il lança doucement un fin dossier sur le bureau. Calvin se retourna et constata que ce dossier parlait de lui. Il ne contenait que quelques papiers, des documents falsifiés. Rien de concrets. C'est tout ce que j'ai sur toi. Je n'ai rein trouvé sur ton passé, rien que puisse me dire qui tu es réellement. D'un ton faussement outré, Calvin le coupa. Il fesait preuve d'une assurance incroyable, bien qu'il ne se sentait pas à l'aise. Tu enquêtes sur moi ? Tu sais que c'est interdit pas la loi, ça ?... Il allait continuer avec une vanne sur les êtres de lumières mais celui en sa présence l'interrompu, bien décider à dire ce qu'il avait à dire. Je me doutais bien que tu n'étais pas net. Trop confiant, trop "chanceux". Je crois que j'ai été naïf de croire qu'un humain puisse accepter la magie à ce point... N'est-ce pas Korzen ? Calvin ne souriait plus. Il était mal. C'était rare de le voir perdre de cette assurance ainsi. Surtout devant un être de lumière. Il se demandait ce qu'il allait faire et ça le faisait peur. Et tu vas faire quoi maintenant ? Il me semble que je vous ais tout de même aidé pour pas mal de démon. J'ai même couvert ta protégé... Le visage de son interlocuteur se radoucit. Il souriait même. Comme il devait se sentir supérieur maintenant... C'était frustrant de se retrouver dans une telle situation. Après un temps de suspens, l'être de lumière de retourna, haussa les épaules comme s'il en avait rien à faire et se remit à parler. Et bien, comme tu le dis si bien, tu nous as été d'une grande aide. Ce serait injuste que je te dénonce. Mais en même temps... Je risque ma place en te couvrant. Ce serait vraiment bête que je ne puisse pas te faire confiance. Il se retourna, comme s'il venait d'avoir l'idée du siècle. Alors voilà ce qu'on va faire : Tant que tu resteras sage, je ne dirais rien à personne. Ça me parait équitable. Calvin avait réellement envie de lâcher la pression. mais avant qu'il ne puisse se détendre et souffler un peu, l'être de lumière devint soudainement plu, plus menaçant. Mais gare à tes fesses. Si tu touches un cheveux d'un innocent ou que tu tentes quoi que ce soit de stupide, je me ferais un plaisir de t'éliminer personnellement à la première occasion. On est d'accord ? Ces mots dits, le jeune être de lumière disparut dans une lumière apaisante. Korzen n'eut pas vraiment le temps de refuser. Il se releva. Il semblait d'un calme absolut. Il s'assit alors tranquillement sur son lit et comme pour laisser échapper toute sa rage il lança une boule d'énergie sur le dossier que l'être de lumière avant déposé et laissé là. Et c'est qui qui va être dans la mouise pour les prochaines semaines ? C'est bibi !